Que nous soyons parent, éducateur, enseignant, assistant maternel… nos journées sont remplies de situations où nous pouvons aider les enfants à gérer leurs émotions. Or, rares sont les situations qui provoquent autant d’émotions que l’erreur et l’échec.

Comme beaucoup de personnes, notre première réaction va être de vouloir intervenir et de réparer les choses. Mais, il est bon de se rappeler, à ce moment-là, qu’il est crucial d’apprendre à nos enfants à accepter et à gérer leurs émotions.

Les enfants ne naissent pas avec la capacité de garder leur calme lorsqu’ils sont mis à l’épreuve ou à se relever d’un échec. Réguler ses émotions, en exprimant ses sentiments de manière saine et constructive, est une aptitude que nous devons leur enseigner. C’est primordial.

La capacité à réguler ses émotions est liée à tous les aspects de la vie : de la réussite scolaire à la résilience, et par dessus tout, le bien-être. Les aspects positifs qui en découlent perdurent à l’âge adulte, provoquant de nombreux bénéfices tels une meilleure santé et même des revenus plus confortables !

Voici donc 4 clefs dont nous pouvons nous servir pour composer une « boîte à outils émotionnelle » à nos enfants. Les deux premières sont à utiliser en amont de la situation difficile et les deux suivantes, pendant.

garçon se cachant sous des coussins émotion

1. Expliquer que les émotions sont utiles

Avant de pouvoir réguler leurs émotions, les enfants doivent d’abord savoir les reconnaître. Pendant un temps calme, expliquons-leur que les émotions – mêmes les très grosses et très inconfortables – font partie de notre corps. Tout comme nos muscles, notre cerveau et notre cœur, nos émotions participent à nous garder sains et saufs.

Expliquons aux enfants que les émotions fortes et puissantes, comme la colère, déclenchent un système d’alarme dans notre corps. Notre cerveau pense alors que nous sommes dans une situation dangereuse et notre corps réagit de multiples et différentes façons : les battements de notre cœur accélèrent, on devient rouge, ou on a mal à la tête

Ce que l’on peut dire :

« Les émotions difficiles qu’il t’arrive de ressentir, comme la colère ou la frustration, font partie de ton système d’alarme. Tout comme les ambulances, les camions de pompiers ou les voitures de police ont des sirènes, notre corps a sa propre façon de nous alerter sur des problèmes. Des maux de tête, des palpitations cardiaques, des nœuds dans l’estomac qui nous avertissent que nous avons besoin d’aide ou que nous devons faire un autre choix. À chaque fois que nous remarquons ces changements, nous développons la partie de notre cerveau qui nous aident à gérer nos émotions. »

On peut aussi :

Une fois que les enfants auront compris que les fortes émotions et les réactions physiques sont liées, ils commenceront à reconnaître le processus dans leur propre corps.

2. Établir un plan d’action

Maintenant que nous avons discuté avec l’enfant de l’importance des émotions, il est temps d’établir un plan, une stratégie pour les situations difficiles. On peut dire aux enfants que lorsqu’ils remarquent que leur respiration s’accélère, que leurs muscles se tendent ou que leur estomac se tord, c’est le signal qui montre qu’il faut choisir de reprendre le contrôle.

À un moment où l’enfant est calme (par exemple, au moment du coucher ou pendant un long trajet en voiture), on peut lui demander quels types d’échecs déclenchent chez lui les plus vives émotions : une mauvaise note en orthographe, une partie de foot perdue à la récréation, ne pas comprendre la consigne d’un devoir maison…

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Si l’enfant sait quels scénarios provoquent les plus grosses réactions, cela signifie qu’il peut les anticiper et préparer un plan. On peut alors noter sur une feuille de papier d’un côté « ce qui déclenche l’émotion » et de l’autre l’« action à faire ».

Voici quelques actions qui peuvent fonctionner pour de nombreuses situations :

À l’école

Boire de l’eau ou faire une « pause pipi ».

Choisir une ou deux affirmations positives et en faire un rappel visuel qui restera sur le bureau.

Faire quelques respirations ventrales en inspirant sur 3 temps (1… 2… 3…) et en expirant sur 3 temps (1… 2… 3…).

Faire des exercices de relaxation musculaire, en contractant (ou tendant) pendant 5 secondes un groupe musculaire (sans forcer) puis en le relâchant doucement ; en commençant par le bas du corps et en remontant vers le haut du corps : les pieds, les mollets, les cuisses, les fesses, l’abdomen, les poignets, les bras, le cou, les épaules, la tête.

Faire une pause en mouvement : certains enseignants proposent à leurs élèves, à intervalles réguliers, une pause où ils effectuent des mouvements simples et amusants pour se détendre et se recentrer.

À la maison

Discuter avec l’enfant de la façon dont il a réagi face à des situations d’échecs dans le passé, leur poser des questions ouvertes à propos de ce qui a fonctionné et ce qu’ils pourraient faire différemment la prochaine fois.

Créer avec l’enfant, un « coin » dans la maison/l’appartement qui servira de « sas de décompression » ; mettez-y des objets apaisants tels qu’une boule à neige, une balle anti-stress, un animal en peluche, du papier, des crayons.

Faire des tapotements d’EFT (tapoter doucement une série de points de pression sur le visage et le corps pour traiter les émotions difficiles).

Régler une minuterie pendant les devoirs frustrants et faire des pauses à intervalles réguliers.
Observer s’il y a une heure de la journée où les trop-pleins d’émotions ont tendance à se produire et voir si une routine ou un rituel à ce moment-là de la journée peut aider. 
balle anti stres emotion

3. Valider les émotions

Dans leurs moments les plus difficiles, les enfants ont besoin de savoir que CHACUNE de leurs émotions – y compris celles qui concernent l’échec – est acceptée. Les grosses émotions sont parfois inévitables ; ce qui compte, c’est de savoir quoi en faire.

Un aspect essentiel de l’apprentissage de la régulation émotionnelle est de simplement accepter les fortes émotions de l’enfant quand elles surgissent. Au moment même où il ressent l’émotion, l’enfant n’est pas à même d’entendre nos explications logiques – aussi sensées soient-elles. Poser des questions pour mieux comprendre sa frustration, et communiquer sur le fait que l’on entend et que l’on accepte complètement la façon dont il se sent s’avèrera plus utile.

Une fois la vague d’émotions passée (on peut le remarquer à un profond soupir, une profonde inspiration ou à un abaissement des épaules), l’enfant se trouve dans un état réceptif (et non pas réactif) et est plus disposé à nous « recevoir ». À ce moment-là, on peut lui demander : « que pourrait-on faire pour résoudre cela ? » ou « comment peut-on travailler là-dessus ? ».

Une fois que les enfants ont compris que toutes les émotions sont un moyen pour notre corps de communiquer avec nous, même les émotions les plus fortes sont plus faciles à accepter.

4. Co-réguler les émotions

En tant que parents, certaines de nos plus fortes émotions peuvent être provoquées par les états émotionnels de nos enfants. Tout comme eux, nous devons apprendre à réguler nos émotions. Avoir un plan d’action est très utile, mais notre capacité à rester calme dans les moments les plus difficiles reste la clé.

La capacité de chaque enfant à gérer ses émotions est différente et dépend de son âge. Le cortex préfrontal, la région régulant les émotions, continue de se développer jusqu’au début de l’âge adulte (~25 ans).

Pendant cette période, le cerveau est grand ouvert et a soif d’expériences qui vont le renforcer en tant que base d’adultes forts et équilibrés. (Karen Young, psychologue)

Plutôt que de réagir avec notre propre émotion, nous pouvons répondre aux frustrations de notre enfant avec chaleur et soutien :

«Nous sommes tels des trains traversant les tunnels que sont nos émotions difficiles ». Nous devons continuer jusqu’au bout du tunnel, de l’autre côté, où se trouve la lumière.

Cet article est la traduction d’une publication du Big Life Journal.

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